L'évaluation d'impact des programmes d'insertion professionnelle des jeunes

Publié le 09 décembre 2024 - Mise à jour le 14 janvier 2025
Mesurer l’impact social peut s’avérer complexe pour les structures engagées dans l'insertion professionnelle des jeunes. Quelles sont les étapes clés, les parties prenantes à mobiliser et les méthodologies adaptées ? Cet article explore ces questions en s’appuyant sur des retours d’expérience issus d’un corpus d’évaluations menées.

Dans quel contexte ?

De nombreuses évaluations de politiques publiques sont réalisées auprès des jeunes, notamment dans le domaine de l'éducation. En matière d'évaluation d'impact social, les démarches se concentrent particulièrement sur des programmes dédiés à l'accompagnement des jeunes vers l'emploi, souvent portés par des structures de l'ESS. 

 

L'insertion professionnelle des jeunes constitue une préoccupation majeure des pouvoirs publics depuis les années 1970, notamment dans un contexte marqué par un taux de chômage élevé au sein de cette population. Pour répondre à ces enjeux, une partie des politiques jeunesse, portée par l'action de plusieurs ministères, s'est orientée vers des objectifs prioritaires : donner la priorité à l'éducation, à l'orientation et à la formation ainsi que favoriser l'emploi et l'insertion professionnelle. Ces orientations ont donné lieu à la mise en place de nombreux dispositifs, évalués par la suite afin d'en mesurer l'efficacité et d'ajuster les actions publiques en fonction des résultats obtenus.

 

Cependant, dans le domaine de l'insertion des jeunes, les évaluations ne se limitent pas aux politiques publiques. De nombreuses structures de l'ESS interviennent également auprès des jeunes pour faciliter leur intégration dans le monde du travail. Ces structures ont souvent recours à l’évaluation d’impact social, un outil permettant d'analyser les effets concrets de leurs actions sur plusieurs dimensions.

 

La synthèse des évaluations d’impact social présentée ici repose sur un ensemble d'études menées au sein de structures œuvrant pour l’insertion professionnelle des jeunes.

 

Pour quels objectifs ? 

L'évaluation d'impact social permettra d'analyser la contribution des structures dans le domaine de la jeunesse à des enjeux majeurs tels que l'aide à l'insertion professionnelle, la prise de confiance en soi, la création d'un réseau professionnel et le développement de nouvelles compétences.

 

Au-delà de ces enjeux centraux, l'évaluation peut également répondre à plusieurs objectifs essentiels : 

  • Connaître la valeur économique et sociale générée au regard des investissements réalisés 
  • Donner la parole aux différentes parties prenantes 
  • Permettre aux étudiants de prendre conscience des compétences développées dans le cadre de leur orientation et de leur insertion professionnelle 
  • S'assurer de la complémentarité des actions par rapport aux formations proposées en école ou en université 
  • Aider à la prise de décisions stratégiques et pédagogiques pour maximiser l'impact des programmes 
  • Objectiver l'impact pour le valoriser auprès des partenaires actuels et futurs

Comment s'y prendre ? 

Pour mener une évaluation d’impact social dans ce secteur, les structures adoptent majoritairement une méthodologie mixte pour la collecte de données, combinant des approches quantitatives et qualitatives.

 

Dans ce cadre, elles mobilisent plusieurs outils :

  • Des entretiens semi-directifs individuels,
  • Des questionnaires,
  • Des focus groups,

Ces outils étant réalisés auprès des étudiants bénéficiaires des programmes, des bénévoles, des familles, des professionnels issus de divers domaines et des partenaires.

 

Certaines structures s’appuient également sur la méthode du Retour Social sur Investissement (SROI), qui permet de mesurer la valeur économique et sociale générée par leurs actions de manière précise et structurée.

 

Qui impliquer ? 

Par les différentes méthodes de collecte des données, les structures cherchent à impliquer un maximum de parties prenantes afin d'avoir une vision la plus exhaustive de leurs impacts. 

 

  • Les bénéficiaires directs : Les élèves issus de l'enseignement secondaire (collège et lycée) ou des études supérieures participent activement aux démarches d'évaluation, à travers des entretiens, des questionnaires et des focus groups. Ces outils permettent de mesurer les effets des programmes sur leur insertion professionnelle. Par ailleurs, certaines évaluations intègrent les retours des anciens élèves (alumnis) pour obtenir une vision à long terme des impacts des dispositifs sur leur parcours et leur développement personnel et professionnel.
  • Les bénévoles : Les bénévoles, quel que soit leur rôle (parrains-marraines ou autre), constituent des parties prenantes importantes des dispositifs. Par leurs fonctions, ils sont en contact direct avec les jeunes bénéficiaires et jouent un rôle clé dans la mise en œuvre des actions. Leur participation aux outils de collecte est souvent sollicitée. Ces retours permettent d’identifier les points d’amélioration et d’optimiser les actions mises en œuvre dans le cadre des programmes.
  • Les familles des bénéficiaires : Les familles jouent également un rôle dans l’évaluation. Elles offrent une perspective complémentaire, permettant de mieux comprendre les impacts des dispositifs sur les jeunes, mais aussi sur leur environnement familial. Leur participation, souvent sous la forme de questionnaires ou d’échanges qualitatifs, permet de cerner des aspects liés à l’accompagnement et au soutien global.
  • Les professionnels du monde académique, de la protection de l'enfance et de l'entreprise : Ces acteurs apportent une expertise précieuse dans le cadre des démarches d’évaluation. Grâce à leur retour, il est possible de mieux comprendre les effets des programmes sur l’insertion professionnelle des jeunes, notamment en ce qui concerne le développement des compétences transférables et mobilisables dans ces deux contextes. Ils sont sollicités via des entretiens  ou des questionnaires quantitatifs pour partager leur point de vue et identifier des axes d’amélioration.
  • Les partenaires : Les partenaires, qu’ils soient associatifs, philanthropiques, issus de réseaux ou de l’administration publique, sont des acteurs indispensables à la réussite et à la pérennité des programmes. Leur contribution aux démarches d’évaluation permet de recueillir des perspectives stratégiques et opérationnelles. Ils apportent un éclairage sur les synergies développées dans le cadre des partenariats et sur les opportunités d’amélioration des dispositifs, notamment en termes de coordination et de complémentarité des actions.

Les 4 grands impacts évalués

Les impacts ciblés par les structures de l'insertion professionnelle des jeunes, et donc évalués font généralement émerger quatre grands impacts clés. 

  • Les étudiants sont davantage mobiles géographiquement et professionnellement (Passeport Avenir, devenu Article 1)
  • Les étudiants issus de milieu populaire bénéficient des mêmes opportunités que les autres étudiants de leur établissement (Passeport Avenir)
  • Le renforcement des connaissances du monde professionnel par les jeunes (Programme Défi jeunesse)
  • Une meilleure identification de quelle formation et/ ou métier leur correspond (Programme Défi Jeunesse)
  • Un intérêt plus grand des élèves pour leur orientation scolaire et/ ou professionnelle (Programme Défi Jeunesse)
  • La découverte et la meilleure compréhension de métiers présentés durant l'année de l'accompagnement (Programme Défi Jeunesse)
  • Le changement positif de l'intérêt porté au monde du travail par les jeunes mini-entrepreneurs (La mini entreprise)
  • L'avancement de leur démarche (Osons ici et maintenant)
  • Les enseignants constatent que les enfants sont davantage motivés dans leur travail scolaire (Coup de pouce)

  • Le développement de compétences clefs attendues par les entreprises (Passeport Avenir)
  • Le développement de compétences qui seront utiles dans le quotidien professionnel (Passeport Avenir)
  • Le développement de l'esprit critique (Passeport Avenir)
  • Les filleuls qui estiment que leur parrain/ marraine les aide à apprendre à adopter les comportements adéquats selon les situations (Parrains par mille)
  • Les jeunes identifient mieux leurs points forts (Défi Jeunesse)
  • Les jeunes arrivent mieux à développer des arguments pour appuyer leurs opinions grâce au projet (Réciproque)
  • Les jeunes déclarent mieux comprendre l'utilité du débat dans la société (Réciproque)

  • Les étudiants maîtrisent davantage la construction et l'entretien d'un réseau professionnel (Passeport Avenir)
  • Les jeunes ont créé des liens avec des élèves d'autres établissements scolaires (Réseau Étudiant pour une Société Écologique et Solidaire)
  • Le constat pour les filleuls que leur parrain-marraine les aide à rencontrer de nouvelles personnes (Parrain par mille)
  • L'impression pour les membres que le réseau leur a permis de développer des liens durables avec d'autres acteurs de la formation et de l'insertion professionnelle (Réseau Méditerranée Nouvelle Chance)
  • L'impression pour les membres que le réseau leur a permis de découvrir d'autres acteurs et de nouer des contacts utiles ou mobilisables pour la suite de leur activité (Réseau Méditerranée Nouvelle Chance)
  • Le constat pour les professionnels de l'enfance que le parrainage permet aux filleuls de disposer de nouvelles figures d'attachement (Parrains par mille)
  • Le sentiment pour les professionnels de l'enfance que le parrainage permet aux filleuls de se sentir moins seuls (Parrains par mille)
  • Les anciens filleuls déclarent avoir appris à être plus organisés grâce à leur parrain-marraine (Parrains par mille)
  • Les membres estiment que le réseau leur a permis de repérer les bonnes pratiques ou ressources pédagogiques mobilisables(Réseau Méditerranée Nouvelle Chance)
  • Les membres affirment que le réseau a été un moyen d'augmenter leurs connaissances sur les dispositifs et innovations existantes (Réseau Méditerranée Nouvelle Chance)

  • Le sentiment pour les jeunes de se sentir plus à l'aise en groupe (Programme Défi Jeunesse)
  • Le sentiment pour les jeunes de se sentir plus à l'aise (Programme Défi Jeunesse)
  • Le sentiment pour les jeunes d'être plus armés pour prendre la parole dans la sphère privée comme publique (Réciproque)
  • Les jeunes qui pensent davantage que leur parole mérite d'être entendue (Réciproque)
  • Les jeunes osent davantage donner leurs avis sur des sujets de société (Réciproque)
  • Les jeunes déclarent être sortis de leur zone de confort (Réciproque)
  • Les jeunes  affirment avoir plus confiance en eux et en leurs capacités (Story me)
  • Les jeunes ont pris confiance en eux d'après leurs parents (Coup de pouce)

Thématiques

Évaluation de l'impact social
Éducation Jeunes

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