Comment changer d’échelle dans l'ESS ?

Deux types de déclencheur au changement d’échelle

Avant d’explorer les paramètres à prendre en compte, on peut déjà signaler deux contextes de démarrage au changement d’échelle.

1. La structure elle-même peut décider de changer d’échelle et d’essaimer son concept. C’est le premier scénario que l’on appelle pulsion. Le souhait provient de la structure et donc d’un besoin en interne.
2. La structure n’est pas toujours à l’origine de l’impulsion au changement d’échelle. Des collectivités territoriales ou des porteurs de projet peuvent demander à la structure d’origine d’essaimer sur leur territoire d’implantation. C’est le deuxième scénario que l’on appelle traction. Le changement d’échelle est incité par des parties prenantes externes.

La stratégie à adopter variera selon les attentes des parties qui sont en demande du changement et qu’il conviendra d’interroger.

Les cinq principales stratégies de changement d’échelle

Une structure d’utilité sociale peut adopter une ou plusieurs des cinq stratégies listées ci-dessous quand elle souhaite changer d’échelle :

• la diversification : créer une nouvelle activité pour enrichir son modèle ;
• la duplication : répliquer son modèle sur d’autres territoires ;
• la fertilisation : diffuser son savoir-faire à plus grande échelle ;
• la coopération : se rapprocher d’autres structures pour faire mieux et plus ;
• la fusion : regrouper son patrimoine avec une autre structure.

Chaque stratégie répond à des contextes et objectifs différents. Il convient de les étudier avant de choisir celle qui convient le mieux à son projet, à son organisation et à ses objectifs.

Les paramètres stratégiques sont par nature liés à la finalité sociale de la structure et aux moyens qui vont lui permettre de l’atteindre.

Quels objectifs donner à l’impact social et/ou environnemental de ma structure ?

La finalité du changement d’échelle est avant tout la maximisation de l’impact social et/ou environnemental de la structure.

Quelles possibilités d’action au regard de la situation économique de ma structure ?

Le changement d’échelle est un processus spécifique qui cherche à renforcer, souvent économiquement, l’organisation concernée. La structure qui souhaite changer d’échelle devra être lucide sur sa santé financière et ses possibilités d’action. Se trouve-t-elle dans une situation économique fragile ou, au contraire, a-t-elle la stabilité nécessaire pour engager des investissements (humains et financiers) dans son changement d’échelle ?

Mon action s’inscrit-elle dans une stratégie individuelle ou collective ?

Il est possible d’opter pour un changement d’échelle qui se fera de manière autonome ou en étroite coopération avec d’autres structures. Il est donc pertinent de distinguer deux grands types de stratégies pour changer d’échelle : les stratégies individuelles et les stratégies collectives.

• Les stratégies individuelles se caractérisent par le fait que les principales décisions sont assumées par une seule et même structure (par ses dirigeants ou par sa gouvernance). Ainsi, les objectifs qui guident la démarche de changement d’échelle sont spécifiquement liés à l’organisation.
• Les stratégies collectives, quant à elles, se caractérisent par le fait que les décisions sont portées collectivement par un groupe d’organisations qui souhaitent se développer ensemble. Ainsi les objectifs du changement d’échelle dépassent les seuls intérêts individuels et sont liés à un territoire ou à un secteur d’activité.

A prendre en compte également

Ces trois questions doivent vous permettre d’identifier la ou les stratégies les plus adaptées. Il faudra également prendre en compte votre situation spécifique (liée au territoire, à l’histoire de la structure, aux relations partenariales, etc.). Par exemple, si une entreprise sociale se trouve dans une situation économique stable, voire prospère et qu’elle souhaite augmenter son impact social sur son territoire, elle pourra s’orienter vers une stratégie de diversification, de coopération ou de fertilisation. Si elle sait, dès le départ, qu’elle ne dispose pas de partenaires de qualité sur sa zone d’activité, elle ne pourra pas se tourner vers la coopération et il lui restera alors deux stratégies possibles.